L'appartement 22

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L’appartement 22,
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LA FIN DE L’HISTOIRE | Grace Ndiritu
AQFM Vol.1, périodique montrée pour l’exposition RIF-POST RESIDENCES / EXPEDITIONS à L’appartement22

dimanche 28 décembre 2014

Qu’a dit Francis Fuyukama en 1992 ? Que l’avancée de la démocratie libérale occidentale marquerait la fin des nouvelles cultures naissantes ?

Quand nous regardons le mur de peintures, j’entends par là les photographies, de manière apparemment aléatoire, je me demande ce qu’elle signifie pour moi, l’auteur, et pour vous, le spectateur, à ce moment précis dans le temps ?

La fin de l’Histoire a-t-elle commencé ?

Plus important encore, les rêveries diurnes sont-elles une partie essentielle du voyage spatio-temporel ?

Je pense que oui.

Après tout, une photographie peut facilement se glisser dans une peinture et la littérature peut se sublimer elle-même dans un travail d’art visuel, n’est ce pas ?

Je me pose ces questions alors que je suis assise sur la table avec mon ordinateur dans le studio de Tanger, à quelques pas d’où Burroughs a eu l’idée du Festin Nu à la fin des années 1950.

Je m’interroge encore après avoir vu le travail hypnotisant d’Ahmed Bouanani, dont les images mémoratiques ont annoncé un nouvel âge du modernisme dans la littérature et le cinéma au Maroc à la fin des années 1960.

Je m’interroge enfin une troisième fois tandis que j’expérimente la technique du cut up de Burroughs, écrasant les mots offensants de son franc parler jusqu’au plus près de la vision brute, pénétrante du séjour dystopique de Bouanani à L’Hôpital et je me demande si, finalement, le même livre n’avait pas été écrit par ces deux extraordinaires auteurs, pour autant radicalement différents ?Et si ce n’était pas un seul livre qui avait été écrit, par nous tous, au fil du temps ?

Typographe A Marche dans la chambre, regarde le mur, et voit une nouvelle mythologie en train de naître. Elle voit les lignes performatives de l’Abstraction Expressionniste caressant les textures précises et douces de l’appartement du Corbusier et de son gigantesque lit.

Typographe B Respire une ligne rythmique entre une collection de masques en bois de la fin du 19è siècle du Congo Basin ; une coupure de journal délavée du 18 Juin 1925 qui décrit une victoire de la guerre marocaine du Rif dans la campagne espagnole et un Basilic en pot perché sur le rebord d’une fenêtre ensoleillée.

Mais qu’est que tout cela veut dire ? Est-il possible de trouver une quête de sens dans une seule œuvre d’art ?

De re-fondre la totalité du Temps par le formalisme de la peinture dans la photographie, accouchant d’une narration contemporaine universelle, une histoire de la création post-moderne ?

Est-ce possible de rendre tous les dialogues imaginables entre une image seule et une autre, à travers l’espace jusqu’à ce moment appelé Maintenant ? De fusionner la connexion entre le passé et le présent, entre le noir et le blanc, entre le sépia et la couleur, pour finir le tissu logique de l’espace-temps lui-même ?

L’Histoire n’existerait donc plus. Et comme tous les grands contes allégoriques, elle raconterait la tentative du retour à la maison.

Comme Ulysse essayant de retourner dans sa terre natale à Ithaca, ou Hercule traversant la mer entre l’Europe et l’Afrique du Nord, créant une fosse aquatique entre deux cousins géologiques.

Peut-être alors, quand toutes les observations que j’ai notées ici, voyagent finalement de l’avenir au commencement du Temps, et comme cela s’est déjà produit, le monde tel que nous le connaissons va enfin commencer à se dissoudre...

N.B : Cet essai est publié ici dans la première édition du périodique AQFM ; à l’occasion de AQFM Vol.1 MACBA exposé au Museu d’Art Contemporani de Barcelona, du 23 Janvier au 18 Mai 2014.
AQFM Vol.1 (PDF - 9 Mo)
Grace Ndiritu